Dans son rapport mensuel au préfet de la Loire-Inférieure le commissaire spécial de Nantes écrit :
« L’impression produite par la correspondance du front est satisfaisante. L’heureuse fin de la guerre est chaleureusement commentée, mais la démobilisation semble être maintenant la principale préoccupation des soldats, et leurs lettres sont remplies de conjectures à ce sujet.
Les difficultés économiques sont très grandes par suite du retard apporté dans les transactions commerciales, et des obstacles qui gênent la libre vente de certains produits. La population se plaint de ce que la plupart des mesures prises pendant la guerre n’aient pas été rapportées. On attribue généralement aux arrêtés et aux taxes le renchérissement du coût de la vie et la disparition du marché des denrées de première nécessité. D’autre part l’industrie est dans le marasme par suite de la crise des transports qui empêche l’arrivée des matières premières et rend impossible l’écoulement des marchandises au grand mécontentement des hommes démobilisés qui se trouvent sans emploi.
Les difficultés ouvrières augmentent par suite de la révision des salaires et de l’emploi dans les usines de la main d’œuvre étrangère et de la perspective du chômage pour les ouvriers revenant du front, cependant aucune grève sérieuse n’est envisagée pour le moment ».