Louis Vuillemin, compositeur, ancien élève du Lycée de Nantes, est agent de liaison sur le front d’Argonne.
La veille le nouveau général de la division l’a convoqué.
Il écrit dans son Carnet :
« – Dites-donc ! C’est vous le musicien ?
– Oui, mon général.
– Bon ! Vous allez me composer un morceau symphonique où des motifs bien choisis, caractéristiques, évoqueront les principaux épisodes de cette campagne d’Argonne ! Compris ? Quand mes hommes seront fatigués, je leur ferai jouer cela par mes musiques. Ils relèveront la tête et tendront le jarret ! Ils reverront ainsi en mémoire la série de leurs exploits. Et ça leur donnera de l’allure. Vous comprenez ? Pensez à cela !
– Bien mon général !
J’ai dû avoir l’air idiot. Le général me rappelle :
– Et ne me prenez pas pour une culotte de peau, hein ? Je suis abonné des concerts Lamoureux ! Et j’étais à la première de « Pénélope » !
J’ai dû avoir l’air plus idiot ! »