Vaincus sur la Marne, les Allemands se sont repliés le 13 septembre sur les hauteurs surplombant l’Aisne et ils commencent à y creuser des tranchées.
Les alliés qui n’arrivent pas à les chasser font de même, entamant sur ce front une guerre de siège.
Le général Guillaumat, qui commande la 31e D.I., est bloqué par l’ennemi à Laval-sur-Tourbe (où se fixera le front pour un an).
Le 15 septembre, dans une lettre à son épouse, il dresse le bilan de la situation :
« Je t’écris sur un talus, à peu près à l’abri de la pluie. Depuis quinze jours j’ai vécu une tranche de guerre aussi complète que je pouvais le rêver : retraite, bataille, victoire, poursuite et de nouveau bataille engagée depuis hier. Les débuts ont été durs, je te l’assure, et il a fallu souvent se faire une philosophie de la résignation pour ne pas jeter le manche après la cognée. La division mal engagée en Belgique en était revenue désorganisée et démoralisée. Le moral est revenu, mais la réorganisation non, parce qu’il n’y a pour ainsi dire plus d’officiers, surtout après les combats des derniers jours qui ont été très meurtriers, essentiellement par le feu de l’artillerie. Il est très rare que les infanteries se voient et s’abordent…
Très visiblement les Allemands sont eux aussi fatigués et ont des pertes aussi fortes que les nôtres. Ma santé est toujours excellente, c’est une preuve que bien des choses que nous jugeons nécessaires ne le sont nullement. Je n’ai pas couché dans des draps depuis 8 jours, je me lave peu, ai une barbe de 10 jours. Nous vivons depuis trois jours sous la pluie dans les boues de Champagne. Les hommes couchent dehors et tiennent tout de même. »