La famille d’Alphonse de Châteaubriant a quitté Nantes pour s’installer à Piriac ; les enfants sont scolarisés à Saint-Nazaire.
L’écrivain écrit à son épouse :
« Demain « Premier jour de Mai ». Je pense, ce matin, à ces naïfs et charmants couplets que tu chantes si bien et qui m’apparaissent dans leur chaude couleur discrète, pareils aux fleurs de la côte, issus du même terroir, des mêmes talus. Et toi, tu es bien la sœur de ces chansons et des mousses fleuries. Tu es le filet d’eau douce caché sous les violettes du pré-salé.
Vous voilà donc rentrés à Saint-Nazaire, rentrés au Collège, au bagne ! Une éducation qui a produit l’humanité dirigeante dont nous sommes affligés, a fait ses preuves. Il manquera joliment à la société de demain, dans l’énorme travail, je ne dis pas de reconstruction (Dieu m’en préserve), mais de création qui lui sera imposé, que vous, femmes, mères, éducatrices n’ayez pas passé par la formidable école de cette guerre. Peut-être même en eussiez-vous tiré une plus vaste et plus profonde leçon que ne l’aura fait l’homme, qui est lui, décidément, un bien sot animal.
Je finis ma lettre, l’heure me presse et je suis un peu fatigué. Pas moyen de fermer les yeux avec cet infernal potin de canons ».