La démobilisation des soldats, commencée en novembre 1918, a été interrompue par Clemenceau le 5 avril (voir notre billet du 10 avril).
L’exaspération des poilus, constatée à plusieurs reprises dans ces chroniques, est aujourd’hui à son comble.
Le général Buat note dans son Journal :
« Cette nuit j’ai été réveillé par la nouvelle qu’à Epinal, des placards avaient été apposés invitant les soldats des classes 1907 à 1911 à se démobiliser d’eux-mêmes, assurant le succès et se réclamant de la confédération générale du travail. J’ai dû passer une partie de la nuit à rédiger des télégrammes chiffrés en vue d’aviser tous les intéressés de cet incident et de les mettre en garde contre ce qui pourrait se produire demain 15 juin, car c’est la date fixée pour cet exercice de démobilisation illégale. J’envoie également des agents enquêter sur les lieux mêmes et prends toute précaution pour que le mouvement, où qu’il éclate, soit aussitôt réprimé.
Si l’on avait adopté les propositions du maréchal – démobilisation suivant un cours fixé à l’avance mais extrêmement lent – nous aurions évité tous ces inconvénients… A raison d’une classe par mois, nous aurions, à l’heure actuelle, à peine entamé la classe 1907, et ainsi entretenu l’espoir chez des hommes qui ne savent plus maintenant quand ils seront libérés ».