Au front, le poilu doit combattre contre l’ennemi d’en face, mais il est aussi confronté à des ennemis intérieurs, moins dangereux, mais redoutables pour son moral : les poux et les rats. Ceux-ci le poursuivent même lorsqu’il est au repos, à l’arrière.
Le 12 avril, Alphonse de Châteaubriant écrit à son épouse :
« Ce matin, corvée pour le nettoyage du grenier où nous couchons. Ce grenier était dans un état de malpropreté repoussante. La nuit, des rats gros comme des galoches grouillaient sur nous. J’ai fait tout asperger de grésil. »
Plus tard, le 29 décembre 1916, Jacques Vaché, ancien élève du Grand Lycée de Nantes lui aussi, écrit à son amie Jeanne Derrien :
« Je suis maintenant dans une chaumière écœurante d’odeurs et de crasse – Il règne dans le réduit minuscule où je loge un parfum puissant de souris et de lard rance – Et, aussitôt bougies éteintes, c’est un chahut épouvantable d’animaux qui grouillent et de petites pattes griffues sur les carreaux – Se battent-ils ? – tiennent-ils sabbat ? – ou jouent-ils à des jeux de société ? – mais ce qu’il y a de certain est que c’est fort inquiétant. »