C’est le général Coutanceau, commandant de la 11e Région, qui préside cette année la distribution des prix aux élèves du Lycée qui se tient au théâtre Graslin.
Dans un long discours aux accents patriotiques il clame sa foi dans la victoire finale, rappelant que dans le moments difficiles la France a toujours su trouver la force nécessaire pour vaincre.
Pour soutenir sa thèse il passe en revue l’histoire du pays depuis Clovis jusqu’à Joffre sans oublier Jeanne d’Arc et il termine par la Révolution :
« Je vous citerais encore la magnifique proclamation du Comité du Salut Public en frimaire An II. Alors que tout semblait désespéré…. il proclamait son indéfectible volonté de poursuivre la lutte jusqu’aux Pyrénées s’il le fallait et proclamait traîtres à la Patrie tous ceux qui prononceraient la moindre parole de découragement… ».
Aujourd’hui l’ennemi est sur la Marne et le découragement guette les poilus. Au cas où il viendrait à certains l’idée de reculer (jusqu’aux Pyrénées ?) l’Etat-major a trouvé le moyen de punir les traîtres à la patrie.
Maurice Digo note dans son Carnet :
« Profitant d’une absence de Lévy, je parcours quelques notes secrètes relatives à l’imminence d’une suprême offensive allemande sur la Marne… Une circulaire copieusement annotée retient mon attention : Organisation du poste au carrefour.
Le poste au carrefour (une mitrailleuse servie par un gradé et 2 ou 3 hommes) est le dernier élément vers l’arrière de la défense en première ligne. Son rôle est d’appuyer les éléments avancés, mais aussi d’arrêter toutes les tentatives de repli. Il y est conseillé d’y placer les troupes noires ou tout au moins les hommes d’un régiment aussi différent que possible de celui qu’il devra suivant le cas, appuyer ou mitrailler ».