Dans son rapport mensuel au préfet le commissaire spécial de Nantes écrit : « Les populations ne semblent pas beaucoup s’intéresser aux événements qui se déroulent en ce moment. Les affaires de Russie les laissent froides et l’opinion blâmerait une intervention armée conte ce pays »
Intervention qui pourtant se déroule ! Pour lutter contre le régime bolchevique, Clemenceau a demandé au général Franchet d’Esperey, successeur de Guillaumat à la tête de l’armée d’Orient, de s’emparer de la Crimée et de marcher ensuite sur la région du Donetz. En décembre 1918, sous les ordres de l’amiral Amet, 3 000 hommes débarquent à Odessa et Sébastopol. C’est trop peu pour conquérir une aussi grande région. Les troupes piétinent et se heurtent à une population hostile. La démoralisation gagne.
Cette intervention mal préparée fait partie des sujets que Dame Anastasie découpe à grands coups de ciseaux dans la presse. Gaston Veil s’en inquiète parfois dans ses éditoriaux mais son indignation fait long feu.
Aujourd’hui, la censure laisse Le Phare publié un encadré rassurant intitulé : « Où en est la situation à Odessa ».
« Les forces du général Petlura ont levé le blocus d’Odessa et les Français tiennent maintenant la grande ligne de chemin de fer de Kief jusqu’à Rasjelnaya… Les agents bolcheviks tentent de distribuer secrètement des pamphlets rédigés en français et en anglais parmi les marins et soldats alliés. Mais les exploits des bolchevistes sont tellement notoires que leurs efforts ne rencontrent que le mépris ».
Ouf ! Ce n’est pas demain que les marins de la mer Noire vont se mutiner !