C’est le titre de l’éditorial de Gaston Veil dans Le Populaire mais à le lire on suppose qu’il a dû hésiter entre « mêlée » et « mélasse ».
Après avoir reconnu, mais minimiser encore, l’avance de l’ennemi qui approche de la Marne, Veil s’étonne :
« Il semble que cette avance des Allemands soit due encore une fois à une surprise. On ne peut dire que nous ne nous attendions pas à être attaqués puisque depuis un mois il n’était pas question d’autre chose et que chaque jour l’événement était annoncé pour le lendemain… C’est même un sujet d’étonnement pour moi qu’il y ait encore des surprises…».
Etonnement encore à propos du plan allemand : « On ne voit guère ou Guillaume veut en venir… la ruée vers Amiens ou vers Calais se comprenait. Elle avait pour but de jeter les Anglais à la mer… Le nouveau plan germanique est si obscur qu’on se demande encore si l’attaque de Champagne est bien l’offensive dans toute son ampleur ou si elle n’est qu’une diversion… ».
M. Veil, à l’image de beaucoup est en plein doute. Mais, malgré la « mêlée- mélasse » il essaie encore d’y voir clair : « On paraît croire de plus en plus que l’action engagée en Champagne se poursuivra soit que les Boches aient dès le début formé le dessein de tenter une percée en cet endroit, soit qu’ils aient été amenés par les circonstances à exploiter leurs succès du début ».
C’est la deuxième hypothèse qui est la bonne. Ludendorff abandonne son objectif initial (attaque de diversion) et, devant le succès de l’offensive, décide de marcher sur la Marne et Paris.
En trois jours, les troupes allemandes ont progressé de 65 km et retrouvé les lignes d’avancée maximale de 1914.