C’est le titre du Phare surmontant le communiqué officiel du 25 septembre à 23 heures (journal du 26) ou l’on peut lire :
« Nos troupes, opérant en liaison avec l’armée britannique, ont prononcé au nord d’Arras, une attaque énergique, qui leur a permis de prendre pied sur plusieurs points des lignes ennemies.
En Champagne, après un nouveau et très violent bombardement… nos troupes d’infanterie sont parties à l’assaut des lignes allemandes entre la Suippe et l’Aisne. Les premières positions adverses ont été occupées sur la presque totalité du front d’attaque.
Notre progression se poursuit. »
Si la progression des troupes françaises est évidente ce jour-là, elle est cependant assez inégale selon les secteurs, en raison des fortes organisations défensives allemandes, et surtout elle est obtenue au prix d’un bilan humain très lourd.
Ce 25 septembre, le Nantais Maurice Digo est en réserve derrière les premières lignes du front de Champagne ; il note dans ses Carnets :
« Dans le courant de l’après-midi commence le défilé des blessés… On dit que le chiffre des pertes est élevé, mais que tous les objectifs sont atteints ».
Parmi les blessés évacués se trouve Jacques Vaché qui, quelques jours plus tard (le 30 septembre) écrit à sa tante l’enfer qu’il vient de vivre :
« Il faut avoir vu les cadavres en tas pour savoir comment cela se passe. Mais quel coup d’œil ! Des vrais tableaux de genre… Un ciel classique sanglant, la nuée de corbeaux, les débris de casques, les armes broyées. On s’oublie à regarder avant que le râle bizarre et effrayant d’un homme qui va mourir ne vous fasse dresser les cheveux sur la tête. Ces plaintes de mourants sont navrantes. »
Dans cette description, la vision de l’artiste (Vaché est étudiant aux Beaux-arts) rivalise avec celle du soldat, une façon pour lui de mettre cet enfer à distance.