samedi, 4 mars 1916

Hommage d’un général à ses soldats

Le général Guillaumat commande le 1e Corps d’Armée à Verdun.

 

Ce jour, il écrit à son épouse :

« Les jours passent dans une telle intensité de combat et d’angoisse que le reste ne compte pas. Ce n’est pas que la situation ne soit pas rétablie, comme disent les journaux, mais elle n’est pas résolue, loin de là, et nous avons sur les bras une tâche qui comptera dans l’histoire…

Et je trouve le temps de disserter sous une canonnade comme je n’en ai jamais entendue. C’est ce qu’il y a d’exaspérant dans cette guerre, ces minutes où le chef sent qu’il n’est rien, que les téléphones coupés ne permettent plus ni renseignements ni ordres, que la nuit interdit de voir et que le moral consiste uniquement à espérer, sans savoir pourquoi. Le seul motif de ces espérances c’est la valeur des troupes quand on a la chance d’en avoir comme les miennes… Que des troupes puissent faire ce qu’elles font, cela passe l’entendement… J’ai des hommes qui se battent sans interruption depuis sept jours et presque sept nuits. Il n’y a pas besoin de commentaire. Le ravitaillement se fait admirablement, et représente un fameux effort de la part de ceux qui l’assurent. »