« L’ennemi bat en retraite précipitamment » titre Le Phare et Maurice Schwob enfonce le clou en intitulant son éditorial : « Au pas accéléré ».
Le Populaire n’est pas en reste : « La retraite allemande se précipite ».
Après une offensive le 21 août, entre Arras et l’ancien champ de bataille de la Somme, les Britanniques ont de nouveau attaqué le 26 dans le secteur d’Arras cette fois. Plus au sud les Français poussent vers Noyon qu’ils prennent aujourd’hui.
Les communiqués officiels alignent les noms des villages reconquis et les kilomètres gagnés :
« Notre avance de ce jour a dépassé dix kilomètres en certains points. Depuis ce matin, une quarantaine de villages ont été repris… Nous avons fait cinq cents prisonniers ». (Communiqué officiel français du 28 août)
Pressés de partout, les Allemands se retirent vers leurs lignes fortifiées de l’arrière. Certains, démoralisés se rendent et les journaux veulent voir dans l’afflux de prisonniers le signe de la défaite prochaine de l’ennemi.
Quitte à exagérer les faits : « Il a fallu mettre des écriteaux sur le champ de bataille, pour jalonner la route à l’usage des prisonniers qui, joyeusement, en files innombrables et sans surveillants, jetant casques et masques, hélant tous ceux qu’ils rencontraient pour être sûrs qu’on acceptait leur reddition, suivaient au pas de gymnastique la direction marquée par les poteaux… » écrit Maurice Schwob.
Gaston Veil, qui a lu l’éditorial de son confrère corrige deux jours plus tard : « Il ne faudrait pas exagérer et conclure de là qu’il n’y a plus qu’à cueillir l’armée allemande. On nous a raconté, il y a quatre ans des histoires de cette sorte… Mais, sans tomber dans ces exagérations, nous ne devons pas négliger complètement ces indices, d’autant plus qu’il est très naturel que les Boches entrevoient l’avenir dans des couleurs très sombres ».