En cette fin d’année, malgré le gain de quelques tranchées, l’immobilisme du front ouest, les difficultés des Russes, la situation catastrophique de nos alliés dans les Balkans, la prolongation de la guerre, sèment le doute dans les esprits. Il est question de remaniement au gouvernement et à l’Etat-major.
Gaston Veil, dans son éditorial du Populaire témoigne d’une exaspération assez proche de celle évoquée dans notre dernière chronique par le général Guillaumat :
« Je l’ai déjà dit, ce que nous demandons, c’est qu’on fasse quelque chose, car rien ne peut être pire que cette stagnation, que ce piétinement dans lequel nous nous sommes immobilisés…. Nous sommes frappés de ce fait que les Allemands trouvent toujours le moyen de bouger. On nous a dit pendant longtemps et sur tous les tons qu’il fallait les laisser faire parce qu’ils s’épuisaient et qu’un beau jour, à force d’attaquer continuellement, ils n’auraient plus d’hommes. Nous constatons malheureusement qu’ils ne sont pas au bout de leur rouleau et que la défensive finit par coûter aussi cher qu’une offensive bien conduite, sans en avoir les avantages ».
Après avoir déploré l’indécision de l’Etat-major et du gouvernement (qu’il juge pléthoriques) dans la conduite de la guerre, il conclut :
« Quand la patrie est en danger, on ne doit songer qu’à mettre à chaque place l’homme qui convient, dans les hautes comme dans les basses sphères… Qu’on le veuille ou non, qu’on se serve d’un mot ou d’un autre, on en arrive à instituer un comité de salut public à qui, avec la responsabilité, on doit laisser les pleins pouvoirs. Nos ancêtres de la Révolution ont eu le mérite de n’avoir peur ni du mot ni de la chose et d’avoir sans tant de tergiversations établi un gouvernement de guerre ».
Briand sera-t-il un nouveau Robespierre