Dans son godillot, le général Joffre a trouvé ce matin un bâton de maréchal.
Cette dignité n’avait encore jamais été attribuée en République.
C’est le général Lyautey, ministre de la Défense, qui présente le décret à la signature du président de la République :
« Le gouvernement de la République, voulant reconnaître les éminents services rendus à la Patrie par le général Joffre, a décidé de l’élever à la dignité de maréchal de France… ».
Certains, comme Gaston Veil, font la fine bouche, manient un autre bâton : « Les avis peuvent être partagés sur la conduite de la guerre depuis un certain temps. Les uns estiment que les opérations ont été menées comme elles devaient l’être, les autres pensent qu’elles auraient pu être conduites plus énergiquement ».
Mais reconnaît-il plus loin, « le maréchal Joffre n’en est pas moins le vainqueur de la Marne… celui qui a sauvé la France ». Surtout, cette récompense a le mérite, pour Veil, d’évincer en douceur le nouveau maréchal des postes clés du Haut Commandement, qui est entièrement remanié : « Sous le nom de conseiller technique, Joffre plane à présent dans les sphères gouvernementales au-dessus des événements auxquels il n’est plus chargé d’imprimer l’orientation… ».
C’est le général Nivelle qui devient commandant en chef des armées en métropole. Il assure qu’il « percera le front quand il le voudra ».
Même les généraux croient au Père Noël !