Certains régiments, comme le 81e RIT de Nantes (voir notre chronique du 8 octobre dernier) possèdent leur propre troupe de soldats-comédiens pour distraire les poilus.
Parfois ce sont les généraux qui, préoccupés du bon moral de leurs soldats, font venir des troupes parisiennes sur le front. Ainsi le général Buat, qui commande la 121e division d’infanterie, notait-il dans son Journal il y a quelques jours :
« Grande fête. Dès que la division a quitté la Somme, j’ai demandé qu’on m’envoyât le théâtre aux armées pour le moment où mes hommes seraient pour la plupart rentrés de permission…
Nous avons monté dans le parc un vaste hangar d’aviation qui a été superbement aménagé à cet usage et qui comprend au minimum 1 800 places. Je m’arrangerai à faire les relèves nécessaires pour que toute la division puisse, en trois jours – car il y aura deux représentations par jour – assister au spectacle.
A 13 h 30, je donne une revue avec remise de médailles militaires et de croix de guerre gagnées sur la Somme.
A 15 h. première représentation. La salle est enthousiaste. Quant aux acteurs, électrisés, on peut dire que, malgré le froid, ils brûlent les planches.
Dîner auquel sont convoqués une partie des chefs de corps et de service, avant la séance du soir. Buffet pour tous les officiers, après la représentation. Ce sera le programme des trois jours ».