« La censure a supprimé aujourd’hui l’article de notre collaborateur Verax ».
Cette phrase laconique barre un grand pavé blanc, la rubrique journalière « Impressions d’un passant » du Populaire.
Quelques semaines plus tard, Verax revient sur l’incident: « Je ne vous dirai pas de quoi j’ai été averti ni à propos de quoi. Ce serait renouveler la faute… Je vous assure que dans l’article incriminé, aucune révélation imprudente n’était faite relativement à la défense nationale. Aucune atteinte n’était portée à l’union sacrée. Il n’était médit d’aucune corps constitué, ni du Gouvernement, ni de la Chambre, ni du Sénat.
Alors quoi ? Ah ! Voilà ! Vous le saurez plus tard, quand la fabrique de blancs qu’on appelle la censure aura fermé ses portes… ».
Au début de son article Verax a eu cette phrase : « J’ai, en effet, reçu un avertissement d’Anastasie qui s’occupe de ce journal avec une sollicitude particulière. »
Force est de constater qu’il dit vrai. Trois ou quatre fois par mois, en cette année 1915, Le Populaire a droit aux ciseaux de dame Anastasie alors que Le Phare n’est que très rarement caviardé.