En Argonne, sous les ordres du général Guillaumat, se trouve un ancien élève du Lycée de Nantes, comme lui, Louis Vuillemin, compositeur et chef d’orchestre.
Dans son « Carnet d’un agent de liaison », ce 7 janvier, Louis Vuillemin témoigne de ce qu’est la guerre de position :
« Les jours se suivent et se ressemblent. La lutte est plus âpre que jamais. Les hommes n’en peuvent plus. Leurs forces fléchissent et leur raison chancelle. Les effectifs fondent. Blessés, évacués défilent sur la route dans les plus divers véhicules. Automobiles, camions, charrettes forment, la nuit, d’interminables files. On enterre partout. Plus dans les cimetières des villages : ils sont pleins. Mais au hasard, dans les champs, voire au revers d’un parapet. Il suffit d’un obus qui tombe pour mettre à découvert deux jambes…
Les hommes s’engourdissent au fond des boyaux dans la boue, dans l’eau. Certains ne se lèvent même plus quand les boches attaquent : ils préfèrent attendre, sans bouger, la mort. Des jours entiers, assis en rond, dos à dos, dans un abri qui s’écroule insensiblement, sans avoir à proximité seulement une motte de terre sèche ! Quant à s’allonger, il n’y faut pas penser : ce serait la noyade… »