jeudi, 24 janvier 1918

« La guerre est devenue l’état normal »

Dans Le Populaire, le chroniqueur Verax se livre à une réflexion qui résume bien l’esprit du moment :

 

« La guerre a dû finir sans qu’on s’en aperçoive, car personne n’en parle plus. C’est à peine si on lit d’un œil distrait les communiqués. On sait qu’on n’y trouvera rien d’intéressant.

Quand on compare cette sorte d’indifférence à la fièvre dans laquelle nous attendions jadis, deux fois par jour, les bulletins du quartier général, on se rend compte du chemin parcouru.

La guerre est devenue l’état normal. Il semble qu’on ait toujours été en guerre et qu’on soit destiné à y être toujours. Les uns se sont résignés, les autres se sont installés dans la guerre, ils ont pris leurs habitudes et ils vivent bien…

Pour ceux qui ont besoin d’activité, il y a les scandales… En les prolongeant quelque peu, en ajoutant d’autres histoires à celles qui sont près de se terminer, on peut occuper indéfiniment le public ».

 

Effectivement, en ce mois de janvier, et jusqu’à la prochaine offensive de mars qui ramènera la guerre à la une, les journaux consacrent leur première page et la plupart des éditoriaux aux « scandales » qui arrivent devant les tribunaux : affaire Caillaux, affaire Bolo-Pacha, affaire du « Bonnet Rouge »…