« Celtes et Teutons » pour Le Phare, « La main des Boches » pour Le Populaire, les éditorialistes nantais s’intéressent à l’insurrection qui a éclaté en Irlande le 24 avril.
Les journaux nantais, depuis le 25 avril, présentent le soulèvement irlandais comme un coup monté par l’Allemagne :
« Sur la côte d’Irlande- Singulier coup de main d’un navire allemand » titre Le Phare du 25 avril.
« Les entreprises boches contre l’Angleterre » Le Populaire du 26 avril.
Le 28, dans son éditorial, Gaston Veil développe la théorie du complot « boche » :
« Je n’ai pas le moindre doute sur l’origine de ce mouvement et il faudrait être aveugle pour ne pas y voir la main des Boches. Ces éternels pêcheurs en eaux troubles ne reculent devant aucun moyen et la corruption est un de ceux qu’ils préfèrent. Ils cherchent à gêner leurs adversaires en suscitant des trahisons et en provoquant des soulèvements…
En Irlande, ils ont trouvé le terrain bien préparé pour un complot, à cause de l’état d’ébullition dans lequel se trouvait ce pays à la fin de juillet 1914. A ce moment, catholiques et protestants étaient sur le point d’en venir aux mains, et ce ne fut pas un des moindres sujets d’étonnement pour les Boches que de voir instantanément, dès la déclaration de guerre à l’Allemagne, les querelles cesser entre les deux partis… ».
Le révolte irlandaise et la proclamation de la République irlandaise par quelques insurgés qui avaient maladroitement demandé l’aide de l’Allemagne, en pleine guerre, fut sévèrement condamnées par les alliés de l’Angleterre mais aussi par la grande majorité des habitants de l’île. Ce soulèvement fut un échec total, durement réprimé, mais il témoignait cependant d’un nationalisme irlandais, que ne voyaient pas alors les éditorialistes nantais, aveuglés par la rivalité franco-allemande.