Les journaux nantais communiquent, à la demande du maire de Nantes, le rapport du directeur du Bureau d’hygiène de la ville :
« La situation sanitaire de la ville, sans qu’on doive la considérer comme inquiétante, ne laisse pas cependant d’inspirer quelque préoccupation. Les mots de dysenterie et de choléra ont circulé sans apparence de raison ; mais, ces exagérations dénuées de tout fondement… ont contribué à alarmer la population qu’il conviendrait de renseigner et de rassurer.
Nantes avait été privilégiée jusqu’à ce jour, et la maladie, qui n’est que la grippe… avait à peine effleuré notre ville au mois de juillet. A la fin d’août, quelques cas d’ailleurs isolés avaient été observés ; depuis les premiers jours de septembre leur nombre a augmenté ; aujourd’hui la grippe atteint de nombreuses personnes, et si la maladie en elle-même n’est pas grave, ses complications qui semblent vouloir se développer avec facilité, se montrent en revanche sévères ».
Suivent les précautions à respecter pour éviter le mal et les mesures à prendre quand celui-ci s’est déclaré.
Puis le rapport se termine ainsi : « Certes, l’état de choses actuel ne mérite pas qu’on jette un cri d’alarme : toutefois, il semble opportun de porter à la connaissance de la population des conseils de prudence, et de stimuler sa vigilance. Les vagues de la grippe font assez généralement feu de paille et, lorsqu’elle sévit le plus, elle est souvent bien près de son déclin ; enfin convient-il que tous s’attachent à observer les précautions qu’inspire une sage raison et que commande une hygiène prudente ».
Dans le souci de rassurer on minimise la maladie et le risque est grand de voir la population prendre à la légère les recommandations qu’on lui donne pour combattre « une affection pas particulièrement redoutable ».
Or, redoutable elle l’est cette grippe qui vous provoque fièvre, délire, taches brunâtres sur le visage et qui vous noircit les pieds. La mort survient rapidement et dans de terribles souffrances, la victime suffoquant, étouffée par les fluides qui emplissent poumons et bronches. Encore une fois on sacrifie la vérité sur l’autel du moral de l’arrière.