Derrière les lignes de front, des postes de premiers secours sont installés. On les appelle les ambulances.
Alphonse de Châteaubriant, qui y est affecté, s’en fait souvent l’écho dans ces chroniques.
Aujourd’hui, c’est un autre Nantais, Louis Vuillemin, stationné à Ancerville (Meuse), qui nous en parle :
« Elle est aujourd’hui l’endroit du monde où l’on sonde le plus totalement les misères de l’humanité. L’endroit où seul le malheur règne sous deux apparences invariables : la souffrance physique ; la souffrance morale.
L’ambulance, c’est là qu’on apporte surtout les soldats que la balle, l’obus ou la torpille ont malheureusement ratés. Les soigner ? C’est inutile. Les évacuer serait barbare. Ils mourraient sur le brancard, dans l’auto ou le wagon. Au poste de secours, ils encombrent. Alors, on leur fait une piqûre anesthésique. Ils attendront à l’ambulance qu’on puisse enfin les enterrer.
Les infirmiers portant des bandes, des instruments, des pansements, courent à travers la salle aux heures où les entrées affluent. Ils sont quatre, cinq, six. Deux ou trois médecins se penchent sur un corps qui se contracte. Et si la salle a soixante lits, il y a cinquante hommes tous seuls ! Les soins vont naturellement aux blessés qu’on espère défendre. Les autres – que voulez-vous ?- les autres doivent se contenter d’une parole de consolante jetée au hasard, en passant ».
Ambulance de campagne (DR)