L’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche et de son épouse, à Sarajevo en Bosnie, par un nationaliste serbe occupe toute la première page des journaux nantais le 30 juin. On y présente le déroulement de l’attentat, ses auteurs, les réactions en Europe, on s’attarde sur la tragique destinée de la maison de Habsbourg, d’assassinats en suicides, mais on y voit surtout une affaire austro-slave prolongement des conflits balkaniques qui ensanglantèrent la région les années précédentes.
Si Le Télégramme craint que la France puisse, un jour lointain, être « mêlée aux pires aventures européennes » le seul à s’inquiéter vraiment est le directeur du Phare, Maurice Schwob qui écrit : « L’état d’incertitude qui pèse sur l’Europe comme un lourd cauchemar nous fait tout craindre. On se demande, à chaque événement nouveau, si ce n’est pas l’allumette qui mettra le feu à toute la poudre que chacun de nous s’efforce de « tenir sèche » pour suivre l’exemple de l’Allemagne. Tant de « poudre sèche » accumulée imprudemment de tous côtés peut donner une formidable explosion. La moindre étincelle est redoutable et on a peur de tout, même des feux follets ».
Le 1er et 2 juillet l’événement n’occupe plus que 2 ou 3 colonnes en première page des journaux, une colonne le 3 juillet et, après les obsèques des victimes, disparaît de la une remplacé par l’actualité politique française, les faits divers, le sport…