samedi, 1 janvier 1916

L’aurore de la victoire

A l’arrière, la nouvelle année commence comme l’autre a fini : par un optimisme forcé.

A l’heure des vœux, les éditorialistes des journaux nantais veulent croire à la victoire.

 

Dans Le Phare, Maurice Schwob, ancien élève du Lycée de Nantes, dresse « l’inventaire » (c’est le titre de son éditorial) de l’année écoulée et conclut :

« Jamais les Alliés n’ont été aussi unis… C’est là ce que nous apporte l’aurore de 1916 et ce qui permet au Président de la République Française d’annoncer, sans forfanterie, la victoire certaine et complète. »

 

Sous le titre : « A l’ occasion de la nouvelle année », Gaston Veil, ancien professeur du Lycée de Nantes, n’est pas moins optimiste. Cependant, dans Le Populaire, il ne cache pas sa crainte de voir l’Union sacrée, entre soldats du front et civils de l’arrière, se fissurer :

« J’ai entendu de la part de certains soldats qui revenaient du front, des réflexions qui m’ont ému. Au sortir de leurs tranchées où ils avaient à supporter le froid, la pluie, la mitraille… ils étaient un peu étonnés de se trouver transportés dans des villes où bien des gens avaient l’air d’ignorer que la guerre exerçât ses fureurs. Nos poilus voyaient des hommes qui n’avaient renoncé à aucune de leurs commodités, à aucuns de leurs plaisirs… »

 

Ce 1e janvier, le théâtre Graslin fait salle comble pour : « La revue des Alliés ». « Une succession de scènes follement gaies » annonce Le Populaire.