mardi, 9 mai 1916

Le culte du souvenir dans les écoles de Nantes

 

Cette guerre est tellement nouvelle dans ses méthodes, sa violence, sa brutalité que soldats et civils ont le sentiment de vivre un événement qui fera date dans l’histoire.

Si certains, on l’a vu, imaginent le potentiel touristique des tranchées, c’est d’abord de la mémoire des victimes que se soucient la plupart. Dans une chronique précédente (16 février 1916) nous relations les projets de députés et journaux locaux d’élever un mémorial dans chaque commune.

 

Sans attendre la fin du conflit, dans les écoles nantaises, on entretient déjà le culte du souvenir par des livres d’or, des tableaux, des photos rappelant les anciens élèves, les maîtres ou les parents d’élèves morts pour la patrie.

 

Ainsi à l’école de garçons du boulevard de la Fraternité :

« Le tableau des morts pour la patrie. Pour perpétuer la mémoire des maîtres et des élèves de l’école morts pour la patrie, le tableau si touchant de Firmin Bouisset [un élève] a été affiché dans le vestibule ; mais la glorieuse liste est déjà si longue qu’elle nécessite des tableaux supplémentaires… Nous avons recueilli les photos que les familles ont bien voulu nous confier. Nous plaçons les reproductions à côté du tableau de Bouisset ». (Rapport du directeur)

 

A l’école des filles de la Prairie d’Aval on pratique aussi le culte souvenir, avec ferveur :

« Le buste de la République, entouré de drapeaux et de fleurs, dominait des dessins, faits par les élèves du cours supérieur, à l’intention des pères des élèves de l’école « morts au champ d’honneur ». Au milieu des guirlandes de lauriers et des couleurs nationales se lisaient les noms… » (suivent les noms, grades et circonstances de la mort de cinq pères d’élèves morts depuis le début de l’année scolaire). Ce mémorial est l’occasion de quelques célébrations patriotiques avec chant de la Marseillaise, de la Marche des Alliés et des récitations dites par les élèves : « La boue dans les tranchées, de Schon ; L’étape de 1915, de Renée Zeller… Trois morceaux de violon furent joués alternativement par les grandes : « Le rêve passe », « Sambre et Meuse », « La Marche lorraine ». Les bébés des cours préparatoires exécutèrent des chants mimés : « Le soldat breton » ; « Le brave régiment », qu’elles accompagnèrent elles-mêmes de trompettes et de tambours… ». (Rapport de la directrice)

 

 

Oa 9 mais 16

Tableau des « Morts pour la Patrie »

réalisé par une élève de l’école Emile Péhant, à Nantes

(AMN)