Comme nous en avons rendu compte dans une précédente chronique (21 juillet 1917), de nombreux conseils municipaux de ce très catholique département de la Loire-Inférieure ont consacré leur commune au Sacré-Cœur.
Maintenant c’est autour du Conseil général, dominé par l’aristocratie terrienne, de consacrer le département, en la cathédrale de Nantes, par la voix de son président Léon Jamin.
C’en est trop pour le très républicain et laïc militant qu’est Gaston Veil : « En tant que républicains nous ne pouvons pas ne pas protester contre une manifestation de cette nature, susceptible de froisser ceux qui ne partagent pas la foi religieuse de M. le Président du Conseil général ».
Mais, union sacrée oblige, on évite les grands emportements :
« Qu’on ne se méprenne pas sur notre pensée, ni sur le sens de cette protestation. Si la cérémonie de la cathédrale n’avait eu pour but que d’adresser des prières en l’honneur de nos soldats nous n’aurions rien trouvé à redire ; étant on le sait partisans résolus de la liberté de conscience… Mais la consécration du département au Sacré-Cœur, par le Président du Conseil général de la Loire-Inférieure a revêtu un caractère et un but politiques contre lesquels il était de notre devoir, comme républicains, de protester ».
La guerre impose une trêve où cléricaux et anticléricaux restent l’arme au pied chacun dans sa tranchée.
Les hostilités n’attendent que la paix pour reprendre.
Drapeau français au Sacré-Cœur distribué par des associations catholiques aux poilus.
Certains les portent sur eux et y rajoutent des médailles pieuses.