Le général Buat note dans son Journal :
« Les rapports qui nous parviennent de nos agents de liaison auprès des armées, les résultats du contrôle postal montrent avec évidence que l’éventualité d’une marche à l’ennemi a eu pour conséquence une saute brusque du moral dans le bon sens ; il est certain, en revanche, que la paix dont la perspective est prochaine, va produire l’effet inverse. Toutes les excitations des journaux extrémistes, tous les désirs de libération vont se faire jour avec une intensité comme nous n’en avons encore jamais constaté ; et le besoin de liberté sera d’autant plus impérieux qu’on a commis l’imprudence de renvoyer, soit définitivement, soit en congé renouvelable, les marins appartenant à des classes se trouvant encore sous les drapeaux dans l’armée de terre. Cette décision, par surcroît, a été prise à la suite de mouvements séditieux que nos hommes ne peuvent pas ignorer et qu’ils n’ignorent pas. Dans ces conditions, il faut s’attendre aux événements les plus graves, si l’on s’obstine à retarder par trop les débuts de la démobilisation ».
A propos des marins auxquels fait allusion le général Buat, Le Populaire écrivait il y a quelques jours, sous le titre : « Après les incidents de Toulon » :
« Sur la proposition du vice-amiral Ronarc’h… le débarquement des réservistes de l’armée navale et leur envoi en permission en même temps que les réservistes du port, s’effectue en évitant toutes les lenteurs des formalités habituelles… Les départs des permissionnaires des navires des escadres revenus de la mer Noire et de la Méditerranée orientale, ainsi que de Corfou, se sont effectués en grand nombre. Les groupes se sont dirigés vers la gare en chantant la Marseillaise… ».
Voilà de quoi donner des idées aux fantassins.