C’est le titre du Phare.
Dans son éditorial Maurice Schwob écrit :
« La Société des Nations est née le 28 avril après-midi. Pendant qu’elle venait au monde, le président Wilson souriait aux anges… l’enfant n’aura, jusqu’à nouvel ordre qu’une tête pour concevoir, mais pas de bras pour réaliser. Il lui restera la bouche avec une langue : on ne sait pas encore d’ailleurs, si celle-ci sera anglaise, française ou… babélique ».
L’ironie de Maurice Schwob est partagée par beaucoup de responsables français. Les autres sont sceptiques devant cet organisme voulu et porté par le président américain Wilson tout au long de la conférence de la paix.
Le général Buat notait hier dans son Journal :
« Les journaux ont publié, ce matin, le pacte de la Société des Nations ! C’est un beau document, issu de la tête d’un théoricien, et qui probablement ne changera pas beaucoup le fond des choses. La France, avec sa logique ordinaire, tenait le raisonnement suivant :
A – puisque vous voulez empêcher la guerre, établissez un organisme militaire permanent qui préparera toutes opérations de nature à empêcher ceux qui la voudraient faire de se livrer à leur sport dangereux ;
B – puisque vous voulez limiter les armements, établissez un contrôle des armements.
Ni l’une ni l’autre de ces deux propositions n’a été accueillies, et, quand après la lecture du document à la séance plénière, notre ministre des Affaires étrangères s’est levé pour exposer son point de vue, la déception a été grande d’entendre qu’il s’en remettait à la bonne volonté de tous pour faire aboutir « plus tard le dit point de vue » !!
Cela fait bien l’effet d’une espèce de capitulation… ».
Les propositions françaises dont parle Buat, présentées par Léon Bourgeois, se sont heurtées à l’intransigeance de Wilson.