« Berlin connaît des heures tragiques » (Le Phare du 7 janvier) ;
« Le sang coule à Berlin – Liebknecht contre Ebert – Pour s’emparer du pouvoir, les Spartakistes mettent la capitale à feu et à sang » (Le Populaire du 8 janvier)
Les journaux nantais regardent vers Berlin où une révolte a éclaté le 5 janvier. Elle prend un tour sanglant le 6 quand le gouvernement socialiste du président Ebert fait appel à des « corps francs » composés d’officiers et de soldats revenus du front pour mater les insurgés.
Dans son éditorial du 8 janvier intitulé « La bouteille à l’encre », GastonVeil se fait pédagogue pour expliquer à ses lecteurs les divisions de la gauche allemande. Reprenant son analyse de la Russie de 1917, il distingue les « majoritaires », Ebert, Scheidemann : « les social-démocrates du gouvernement qui essaient de se maintenir au pouvoir en respectant la légalité dans la mesure du possible » et « Les Spartaciens, de Liebknecht et de Rosa Luxemburg qui procèdent par coups de main. Leur méthode est la même que celle de Lénine. Ils cherchent à tout prix à empêcher la réunion d’une assemblée constituante, où il y aurait certainement des représentants de la bourgeoisie et de la noblesse. Ils veulent que le peuple conserve le pouvoir et, pour eux, le peuple ce sont uniquement les ouvriers et leurs amis ».
L’onde de choc venue de Russie qui secoue Berlin et, plus généralement toute l’Allemagne puis la Hongrie, sera suivie avec régularité et appréhension par nos journaux nantais habituels tout au long de l’année 1919, comme le fût la révolution russe deux ans plus tôt, mais avec des lunettes différentes, le point de vue idéologique l’emportant désormais sur l’aspect stratégique.