« L’événement tant attendu arriva enfin ! Un congé pour les élèves marqua la promesse de signer ; un 2e fut donné pour la signature de la Paix. La plupart des drapeaux étaient restés depuis l’armistice ; celui installé provisoirement pour l’école à ce moment, battu, déchiré par les tempêtes de cet hiver fut le même pour la fête de la Victoire portée au 14 juillet. Le grand drapeau du groupe, faute de temps, ne put être arboré : dans l’état d’esprit où l’on était depuis l’Armistice, on craignait toujours d’être joué par les Allemands et l’on fut surpris par la signature de la Paix comme on l’avait été pour celle de l’Armistice ; si bien que les préparatifs de la fête de la Victoire furent faits dans les derniers moments et que tout ne put être prêt.
Les élèves firent des petits drapeaux aux couleurs des Alliés qu’on installa aux fenêtres donnant sur le boulevard ainsi que des décorations : bleu – blanc – rouge. Il fallut un peu de temps pour se réjouir de ce grand événement ; on n’osait encore y croire ! ».
La directrice de l’école de filles du boulevard de la Colinière
« Lorsque les cloches se mirent à sonner pour annoncer que les Allemands acceptaient le traité, dans la classe du cours moyen où je me trouvais à ce moment, je constatais que toutes les physionomies s’éclairaient et que les éclats de joie allaient fuser. Mais, un gros sanglot rompt le silence, une enfant s’effondre sur la table. Je m’approche et la petite relevant la tête me dit : « Moi, je ne reverrai plus mon papa ! » Alors la joie de toutes ses compagnes s’est éteinte et les yeux se sont mouillés, on se frottait les yeux pour ne pas pleurer. C’est l’aînée de trois orphelines de guerre. La plus jeune a six ans ».
La directrice de l’école de filles de la rue du Ballet
Dessin ornant la page de garde du rapport du directeur de l’école de la rue des Réformes pour l’année scolaire 1918 – 1919 (AMN) |