C’est aujourd’hui que la Chambre et le Sénat débattent du 4e emprunt de guerre que l’on appelle déjà « L’emprunt de la victoire et de la libération », selon le titre que consacre à l’affaire Le Populaire.
Comme l’écrit Gaston Veil, le vote est acquis d’avance aussi consacre-t-il son éditorial à la seule question qui donne lieu à des débats : celle des coupons russes, ces emprunts que le régime de Lénine ne reconnaît pas.
« Dans son projet, en effet, le ministre des Finances a incorporé un article en vertu duquel on pourra souscrire au prochain emprunt en payant partie en coupons russes, partie en argent. Les porteurs de fonds russes qui n’auront pas des sommes liquides pour compléter leur versement pourront emprunter sur ces valeurs… De cette manière, l’Etat français deviendra créancier de la Russie… Les porteurs de coupons russes auront la faculté de transformer la valeur de ces coupons en emprunt français, ce qui sera une notable amélioration à leur sort. Cette faculté redonne déjà plus de prix aux titres russes. Il serait bien étonnant que la spéculation ne se mêlât pas à cette affaire… ».
C’est là bien évidemment une solution provisoire… On peut, en effet, espérer que la situation s’améliorera en Russie, qu’un gouvernement s’y installera, qui se rendra mieux compte que celui des bolcheviki de ses obligations envers les autres nations et qu’un jour les Russes paieront eux-mêmes leurs dettes. Cette solution est la seule qui soit entièrement juste. Il faut patienter jusqu’à ce qu’elle soit possible ».