Gaston Veil consacre un éditorial du Populaire à la note du président Wilson (voir chronique du 20 décembre).
Il est, pour le moins, sceptique. Rappelons que, le 12 décembre, l’Allemagne avait adressé aux Alliés une note sur la paix.
« Il y a des hasards étranges. Après vingt-neuf mois de guerre les empires centraux proposent tout à coup la paix, et huit jours après M. Wilson la suggère. Le président des Etats-Unis s’était pourtant défendu peu de temps auparavant de vouloir intervenir d’une manière quelconque dans le conflit et, comme le bruit de sa médiation avait couru, il l’avait fait démentir….
Admettons que c’est simplement une rencontre de beaux esprits. Je constate seulement que la coïncidence est troublante…
Loin de moi donc l’idée que les Etats-Unis, après avoir exploité la guerre, estiment que le moment soit venu d’exploiter la paix… Je m’en tiens à ce que M. Wilson nous dit. Il n’a d’autre but que de faire cesser ce conflit qui affecte la vie du monde entier, il a le cœur brisé à la vue de ces hécatombes et il voudrait arrêter le carnage.
Mais ce qui est étonnant, c’est que la presse américaine semble plus que toute autre furieuse de l’intervention du président et lui reproche très vivement de faire le jeu des empires centraux. Je me rangerai assez volontiers à cette opinion, non que je doute de la sincérité de M. Wilson, mais je crains qu’il ne commette une erreur grave de jugement ».