Le 2 septembre l’armée allemande est à Senlis, menaçant Paris.
L’armée française se replie sur la Marne. Le gouvernement quitte la capitale pour se réfugier à Bordeaux.
Les journaux cachent toujours la réalité de la situation aux lecteurs :
Dans Le Phare du 2 septembre le Communiqué officiel indique : « A notre gauche, les Allemands ont gagné quelque terrain. Dans le centre, pas de modification sensible. On ne s’est pas battu. »
Le Populaire titre le 4 septembre : « La résistance héroïque et tenace ».
Pour détourner le regard du front français, on fait dans la désinformation (« Famine à Hambourg » Le Phare du 2 septembre) ou on célèbre la victoire de l’allié russe à Lemberg : « L’Autriche écrasée » (Le Phare du 5 septembre). Le même jour, Le Populaire célèbre lui aussi la victoire russe et, dans son éditorial intitulé : « Le silence est d’argent et… », Gaston Veil justifie le mutisme des autorités militaires sur la situation réelle du front français tout en fustigeant « ceux qui se font les échos de bruits funestes ».
Cependant le lecteur devine aisément que l’heure est grave aux titres de certains articles : « Le camp retranché de Paris » (Le Phare du 3 septembre). Le lendemain Le Phare, sous le titre : « Le gouvernement à Bordeaux », publie la proclamation au pays du Président de la République où l’on peut lire : « La vaillance de nos soldats leur a valu, sur plusieurs points, des avantages marqués, mais, au Nord, la poussée des forces allemandes nous a contraint à nous replier. Cette situation impose au Président de la République et au Gouvernement une décision douloureuse. Pour veiller au salut de la Nation, les Pouvoirs publics ont le devoir de s’éloigner, pour l’instant, de la ville de Paris. »
Le 6 septembre, les journaux, avec le patriotisme qui s’impose, confirment l’avancée allemande : « Paris attend fièrement l’ennemi » (Le Phare). « Notre résistance s’accentue autour de Paris et sur le front » (Le Populaire).