« Liebknecht aurait été assassiné » écrit Le Phare le 17 janvier.
Le lendemain, Le Populaire titre : « L’assassinat de Liebknecht confirmé ».
C’est le 15 janvier que Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ont été assassinés à Berlin. Dans Le Populaire, Gaston Veil consacre son éditorial intitulé : « Les Spartaciens » à ces deux révolutionnaires spartakistes :
« J’ai l’impression que cet homme et cette femmes qui disparaissent si tragiquement, étaient d’honnêtes défenseurs d’une mauvaise cause. Pendant toute la guerre, ils avaient eu une attitude, qui nous les rendait sympathiques, alors que les autres sociaux-démocrates emboîtaient le pas à Guillaume… Nous nous figurions qu’après la guerre, ils se tourneraient vers nous pour nous demander à les aider dans l’œuvre de régénération de leur pays.
Malheureusement, dès que la révolution a éclaté en Allemagne Liebknecht et Rosa Luxemburg se sont présentés à nous sous un tout autre jour. Ils ont voulu jouer le même rôle que Lénine et Trotski en Russie. Ils ont pris la tête du mouvement extrémiste et l’on peut dire que les Spartaciens ressemblent aux bolchevistes comme des frères.
Nous avons donc dû faire des vœux pour la défaite des spartaciens, dont le triomphe aurait singulièrement compliqué la situation. Il nous suffit d’avoir les bolchevistes de Russie sans avoir par surcroît ceux d’Allemagne. Il est probable que la mort de Liebknecht et de Rosa Luxemburg portera à ceux-ci un coup fatal. A Berlin ils sont vaincus : ils ne tarderont sans doute pas à l’être dans les autres villes où ils tiennent encore ».
Et G. Veil conclut : « Liebknecht et Rosa Luxemburg ont péri pour leurs idées, idées fausses à notre sens… mais nous devons respecter cet homme et cette femme, qui ont fait le sacrifice de leur vie pour leur cause ».
Sentiment qui n’est pas partagé par les autres éditorialistes nantais.