En ce mois de mars, la presse nantaise consacre plusieurs articles à un phénomène qui l’inquiète : l’exode des ruraux vers la ville.
« Autrefois, on abandonnait la terre sous prétexte qu’elle ne nourrit point son homme. Les temps sont changés. Aujourd’hui la terre nourrit son homme et elle le nourrit bien. Elle rend au centuple ce qu’on lui prête. Durant la guerre, à la ville, même à prix d’or, on ne se procurait pas certaines denrées. A la campagne, au contraire, on ne manquait ni de produits du sol, ni de ceux de la basse-cour, ni des fruits du jardin » écrit le chroniqueur du Populaire.
La hausse des prix agricoles a enrichi les paysans ; la raréfaction de la main-d’œuvre provoquée par les pertes de la guerre a provoqué une baisse des baux ruraux ; de nombreux fermiers accèdent au statut de propriétaires.
Cependant l’exode rural s’amplifie. Ce sont les femmes employées comme domestiques dans les fermes et les journaliers agricoles qui partent :
« Ils recherchent des emplois dans les chemins de fer, dans les industries diverses, dans les administrations publiques ou privées. Ce qui les séduit, ce qui les tente, ce sont des appointements fixes et certains ; c’est une retraite assurée », écrit le chroniqueur du Populaire.
L’exode rural n’est pas un phénomène nouveau mais la guerre l’accélère.