samedi, 14 décembre 1918

M. Wilson en France

« Le 14 décembre, arrivée de M. Wilson, Président de la République des Etats-Unis. Il y a encore congé » écrit avec un certain agacement la directrice de l’école de filles de la rue Champenois.

 

« M. Wilson en France » ; « Vive le Président Wilson » ; « Une journée historique – Le salut de la démocratie au grand citoyen qui s’affirme le champion des droits des peuples ».

La presse nantaise salue avec enthousiasme l’arrivée à Brest du président des Etats-Unis vu comme « le champion d’une paix entièrement juste » (Gaston Veil). Optimisme repris par les éditoriaux et tribunes libres : « Les idées de M. Wilson » ; « L’aube de la paix et du droit » ; « Une ère nouvelle ».

 

En pages intérieures, il a fallu faire de la place pour les communiqués « En l’honneur du Président Wilson » : il y a celui annonçant « Congé dans toutes les administrations » ; ceux du maire de Nantes (l’un à ses concitoyens et un autre reprenant le télégramme de bienvenue adressé au président américain). L’autorité militaire annonce une retraite aux flambeaux.

L’Union des syndicats et la fédération socialiste de Nantes annoncent « Une grande manifestation à Nantes en l’honneur du président Wilson » ; rassemblement place de la Duchesse Anne, défilé jusqu’au consulat américain et pour finir meeting salle Colbert. Cette annonce est suivie d’un appel :

« A la classe ouvrière !

Demain, le président Wilson, l’apôtre de la Paix du droit sera l’hôte de la France… Il faut que samedi tous les travailleurs des deux sexes chôment pour démontrer leur approbation aux 14 propositions du Président Wilson et lui apporter l’aide nécessaire pour faire triompher la conception de la paix sur le principe de la liberté des peuples à se déterminer eux-mêmes…

Camarades ! Tous les partisans d’une Paix juste et durable voudront se joindre à nous pour acclamer le Président Wilson ».

 

Cet appel à manifester n’est pas du goût de tout le monde. Le lendemain paraît dans la presse le communiqué suivant : « Le général commandant le 11e Corps d’armée n’a pas cru devoir, dans les circonstances actuelles, autoriser la manifestation annoncée… ». Seul le meeting salle Colbert est autorisé.

Syndicats et socialistes battirent en retraite sans protester tandis que, derrière la fanfare américaine, les militaires en garnison dans la ville effectuèrent une retraite… aux flambeaux.

 

l 14 décembre