L’Union des Syndicats de Nantes a fait apposer dans la nuit des affiches et distribué, dans la journée, des tracts appelant les ouvriers à venir manifester, le vendredi 31 juillet, à 20 heures, place Graslin, aux cris de « Vive la paix ». La préfecture ayant interdit la manifestation, l’Union des Syndicats et le Parti socialiste, qui l’a rejoint, ont annulé dans l’après-midi un mouvement qui se veut pacifique et risque de dégénérer en affrontements.
Le Phare du 1er août sous le titre « Une manifestation intempestive » raconte : « Malgré cette note, soit qu’ils n’aient pu en prendre connaissance en temps utile, soit qu’ils aient estimé devoir passer outre, plusieurs centaines de manifestants avaient pris vers 20 heures le chemin de la place Graslin. Mais ils se heurtèrent à un important service d’ordre… Aux cris de : « A bas la guerre ! » se mêlent, de beaucoup plus nourris, certes, les cris « Vive l’armée ! ».
Des bagarres se produisent. Vers 21 h 30 la place Graslin est dégagée, les manifestants descendent la rue Crébillon, prennent la rue Boileau, la rue du Calvaire en criant « A bas la guerre ! » et en chantant « L’Internationale ». A 22 heures, alors que les dragons ont rejoint leur caserne les manifestants réoccupent la place Graslin où ils se heurtent aux agents de police. « On est frappé, en général, de la jeunesse des manifestants et l’on se demande s’ils ne seraient pas mieux à leur place au lit que dans la rue » conclut Le Phare.