Depuis le 5 avril, lendemain de la nouvelle offensive allemande sur Verdun, les éditorialistes nantais n’ont rien dit de la bataille, se contentant de publier les communiqués officiels ou des articles rédigés par les services de la propagande, comme celui paru le 9 avril dans Le Populaire et qui se terminait ainsi :
« Au total, ce n’est plus là qu’une série de combats de détails très localisés. L’action se morcelle et traîne en longueur, mais les Allemands se trompent s’ils espèrent lasser la constance des défenseurs de Verdun par des mesquineries qui ne laissent pas de leur être coûteuses ».
Ce 13 avril, Gaston Veil consacre enfin un éditorial à Verdun, tandis que son confrère du Phare garde toujours le silence sur la bataille, mais c’est pour minimiser les pertes, accréditer la thèse des « mesquineries » :
« Je n’ai pas depuis plusieurs jours parlé de la situation militaire, quoiqu’elle n’eût cessé un seul instant d’être d’un intérêt palpitant… Depuis plus d’une semaine les Allemands… se sont donc précipités sur nos lignes qui entourent le Mort-Homme et le résultat de cette attaque formidable a été quelques centaines de mètres de terrain conquis. Encore cette occupation est-elle précaire et d’une minute à l’autre nous pouvons apprendre que les quelques tranchées perdues ont été reprises par nos soldats ».
Les poilus ont sans doute apprécié les « mesquineries » des Allemands et des journalistes.