« Hommage aux morts ». Sous ce titre, Le Phare fait le compte-rendu des cérémonies qui se sont déroulées au cimetière de la Bouteillerie à l’occasion de la Toussaint le 1er novembre.
« Nous devons dire que ce jour habituellement si attristant a été, cette année, comme éclairci par le soleil de la Victoire, certaine et définitive ».
Pour Maurice Digo, en permission de convalescence à Nantes, ce soleil est noir.
Il note dans ses Carnets :
« Après avoir envoyé à la mort tant de jeunes hommes, on couvre de fleurs les cadavres et cette sinistre comédie, loin de provoquer la moindre révolte, réchauffe l’héroïsme ( ?) fatigué de l’arrière.
Double bénéfice. Utilisation intégrale des sous-produits. Autorités civiles et religieuses (ne parlons pas des militaires) clergé et Franc-maçonnerie se donnent la main pour la danse du scalp.
Nous vivons à l’ère des cimetières. Rien ne lavera jambis le monde d’une aussi totale corruption ».
Comme Maurice Digo, beaucoup de poilus arrivent au terme de cette guerre déprimés moralement et physiquement.
Alphonse de Châteaubriant, malade, est hospitalisé le 4 octobre 1918. Un mois plus tard, le 5 novembre, il écrit à son épouse : « Je suis comme une pauvre ruine… Ce n’est pas grave, de la dépression nerveuse, autrement dit, le coup de marteau de quatre années de guerre ».