Le directeur de l’école de la rue Saint-André écrit dans son rapport de fin d’année scolaire :
« La paix victorieuse est enfin signée, les enfants ont participé à l’allégresse générale avec d’autant plus d’entrain qu’il y avait un jour de congé. Peu à peu disparaissent les caractères particuliers de l’état de guerre. Le nombre de nos alliés américains diminue sensiblement ; leurs autos camions deviennent de plus en plus rares et ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Plus de vieux « poilus » aux cheveux blancs se traînant d’un air las avec leur casque et leurs musettes. Les jeunes soldats circulent joyeusement dans les rues sachant qu’ils ne vont pas tarder à reprendre eux aussi le costume civil.
Depuis longtemps déjà on ne voit plus de trains de blessés. Mais trop nombreux hélas sont les infortunés que l’on rencontre avec une jambe ou un bras de moins et combien d’autres dont la boutonnière est ornée du ruban de la médaille militaire et de celui de la croix de guerre ; leurs blessures ne sont pas apparentes mais n’en constituent pas moins des causes d’infirmités pour le reste de leur vie. Les enfants ont trop tendance à regarder avec une certaine indifférence ces glorieuses victimes de la guerre : le spectacle en est si fréquent ! Il faut souvent revenir sur ce sujet et montrer aux enfants combien ils doivent de reconnaissance à leurs héroïques défenseurs. Il faudra le leur rappeler, surtout plus tard quand le temps aura en partie effacé les impressions de cette terrible époque, impressions durables chez les personnes réfléchies, mais combien fugitives chez les enfants ! »