Partie de cartes
L’offensive de Champagne, en février-mars, n’a pas permis de créer la rupture espérée ; l’offensive en cours, pour réduire le saillant de Saint-Mihiel (à l’est de Verdun), semble déjà vouée à l’échec. Contrairement aux espérances du début, entretenues par la propagande, la guerre risque de durer. Pour ne pas décourager l’arrière il faut expliquer ce qui se passe et justifier la stratégie (forcément victorieuse) de l’Etat-major.
Sous le titre « Bataille d’hier et d’aujourd’hui », Le Phare pose cette question :
« D’où provient cette différence capitale entre la bataille d’autrefois et celle d’aujourd’hui ? Quel est le fait nouveau qui permet à l’ennemi de se maintenir si longtemps dans une situation aussi anormale… ? »
Dans un louable souci pédagogique, le journaliste développe son explication à partir d’une carte : « La carte très claire que le Phare a donné de la région entre Meuse et Moselle va nous permettre de philosopher, en partant d’une base concrète, sur le caractère extraordinaire, absolument nouveau que présente la guerre actuelle. »
Ainsi initiés, les lecteurs du Phare auront droit, pendant plusieurs jours, à des cartes des opérations en cours. Ce sont celles qui accompagnent les communiqués officiels et permettent de les mieux comprendre.
Comme la stratégie militaire, celle de la propagande s’adapte aux nouvelles conditions du conflit.
Légende de cette carte : « Sur ce croquis nos lecteurs retrouveront les emplacements A, D, X dont le communiqué fait mention ainsi que l’emplacement du bois de sapins, théâtre d’une lutte désespérée des Allemands. Ainsi se préciseront dans leur esprit les détails de l’héroïque fait d’armes qui est le premier pas vers la libération de la Woëvre. »