mardi, 3 décembre 1918

Petite apologie des « Bourreurs de crânes »

C’est à une longue et singulière plaidoirie que se livre Camille Mauclair dans Le Phare aujourd’hui.

 

Après avoir passé en revue les « mensonges patriotiques » auxquels le journal s’est livré, loin de les excuser il les justifie :

« Si nous n’avions pas « bourré les crânes » aux heures tragiques de Verdun, de la débâcle russe ou italienne, des avancées sur Paris, est-ce près des défaitistes que le public aurait trouvé le réconfort ? Nous n’aurions jamais forcé la note si nous n’avions senti peser sur la mentalité de l’arrière, la menace de cet état d’esprit capitulard, infidèle au vieux génie et à l’énergie éternelle de la France, infidèle hélas ! nous ne l’avons que trop vu, jusqu’au soudoiement, jusqu’à la trahison, jusqu’au point où certains crânes méritent d’être bourrés avec douze balles. Nous devions outrer pour répondre à cette outrance ; nous devions veiller à convertir la haine en force vive.

Nous aussi nous avons douté par instants et connu l’angoisse… Et si c’est mentir que de prêcher la confiance, même quand elle vacille en soi-même, l’eussions-nous perdue que nous serions honorés de mentir en la prêchant encore et toujours ».