dimanche, 27 octobre 1918

Postillonner sur la grippe

La censure a fait disparaître le mot « grippe » des journaux.

 

Pourtant, plus d’un chroniqueur salive sur le sujet, comme Verax dans Le Populaire :

« Le postillon est devenu chez nous un être assez rare, depuis que les chemins de fer et les autos existent.

Malheureusement, il est un autre postillon que le progrès n’a pas tué, c’est celui que certaines personnes lancent en causant…. Nous connaissons tous de ces gens, de l’approche desquels il serait nécessaire de nous garantir en ouvrant notre parapluie…Or, par une coïncidence fâcheuse, les personnes qui postillonnent ont presque toujours la manie de vous parler de très près. Jusqu’à ces derniers temps, on en prenait son parti.

Mais voici que les savants ont découvert que le postillon était extrêmement dangereux. C’est sur lui qu’ils font retomber toute la responsabilité de l’épidémie qui exerce actuellement ses ravages dans tous les pays.

Selon les médecins, le grand coupable est le postillon qui transmet partout le microbe de la grippe. On ne sait pas exactement la nature de ce microbe, mais on nous assure qu’il voyage en postillons.

Ce n’est pas cela qui remettra les postillons à la mode ».