Sous ce titre, Gaston Veil revient sur le théâtre russe pour voler au secours de Kerenski.
Pour permettre à l’armée russe de tenir son rang et de reprendre l’offensive, le gouvernement s’est appuyé sur le nouveau généralissime Kornilov qui a entrepris de rétablir la discipline militaire en limitant les droits des comités de soldats. Il veut aussi rétablir la peine de mort pour les déserteurs. Loin de calmer la troupe, ces mesures exacerbent la contestation, les soldats y voyant une revanche de la caste des officiers, une véritable contre-révolution militaire. Pour calmer le jeu Kerenski démet Kornilov de son commandement. Celui-ci marche alors sur Petrograd et le gouvernement doit, pour faire échouer ce coup d’état, s’appuyer sur les bolcheviques.
Aveuglé par Kerenski, en qui il voit un Gambetta russe et qu’il encense à longueur de colonnes, Gaston Veil imagine une issue favorable à la crise :
« La révolte de Kornilof aura eu ceci de bon qu’elle aura désigné le président du gouvernement provisoire aux révolutionnaires de tout ordre comme le seul homme en qui ils puissent avoir confiance pour maintenir la liberté et pour assurer la victoire. Il semble en effet qu’un revirement se soit produit parmi les maximalistes et que, devant la contre-révolution menaçante, ils se soient tous serrés autour de Kerensky».
En fait, le coup d’état raté de Kornilov fragilise le gouvernement, précipite la désagrégation de l’armée russe, et permet aux bolcheviques de revenir sur le devant de la scène. Le dernier acte ne saurait tarder.