vendredi, 17 mai 1918

Pour l’Armée d’Orient c’est : « J’y suis, j’y reste »

Aujourd’hui, le général Guillaumat, commandant en chef de l’Armée d’Orient, écrit à son épouse :

 

« Bien que je ne veuille pas parler de choses militaires, il faut pourtant te faire comprendre pourquoi nous devons rester ici : 1 – D’abord parce qu’on y est et qu’on ne pourrait pas s’en aller sans abandonner à l’ennemi un énorme butin. 2- Parce que si nous partions, Constantin [roi de Grèce germanophile écarté du pouvoir] serait le lendemain à Athènes et les sous-marins boches dans les ports grecs. 3 – Par suite, le canal de Suez bloqué et tous les arrivages d’Asie arrêtés. 4 – Notre flotte devrait évacuer Corfou très probablement, et l’Italie pourrait bien flancher. Enfin Salonique entre nos mains est un gage pour l’heure de la paix. L’expédition de Salonique n’a pas été une faute, la faute a été de l’éterniser au lieu de fournir à mon prédécesseur les moyens de pousser et d’en finir avec les Bulgares : en 1916 c’était facile, en 1917, possible. Ça le serait encore sans les événements de France, mais il faudrait une tête non pas seulement aux armées et à l’Entente, mais à la France. Etant données les conditions exigées je ne me porte pas candidat ».