« Que se passe-t-il à Odessa ? » interroge dans un titre barrant toute sa une Le Populaire ?
Le gouvernement, bien relayé par la censure, tient à garder le silence sur l’intervention française contre les bolcheviques en Russie. Les journaux en sont réduits à publier de brefs communiqués parvenant d’agences étrangères quand Dame Anastasie le veut bien.
Aujourd’hui Le Populaire titre, sarcastique, en page intérieure :
« Nous n’intervenons pas en Russie – Non, mais nos soldats se battent à Odessa ». Suivent deux communiqués contradictoires sur la situation du corps expéditionnaire français en Crimée. (En réalité, le 1er avril le général Franchet d’Esperey a ordonné l’ordre d’évacuer Odessa ; opération terminée le 6. Il reste encore un corps expéditionnaire français à Sébastopol).
Elargissant le propos, Gaston Veil écrit dans son éditorial : « Hier, c’était la Hongrie qui proclamait la république des soviets et aujourd’hui c’est la Bavière. Demain, ce sera peut-être le reste de l’Allemagne. Les nouvelles qui viennent de là-bas semblent l’indiquer. En Autriche, on nous signale également la gravité de la situation. La Roumanie et la Bulgarie sont aussi travaillées par des agents de la troisième internationale.
Qu’arrivera-t-il si un jour nous ne trouvons plus en face de nous dans toute l’Europe centrale, dans une partie des Balkans et en Russie que le régime soviétique ? L’attitude prise par les gouvernements de l’Entente, et plus particulièrement par le nôtre, ne nous laisse aucun doute sur la réponse… ce sera la guerre ».
Plutôt que la force des armes, Gaston Veil préfère l’application « des principes wilsoniens qui… assuraient la paix du droit ».