C’est le titre d’une photo, de mauvaise qualité, en première page du Populaire.
En-dessous se trouve la légende suivante :
« Un des indices les plus frappants de l’attachement grandissant que les troupes indigènes montrent pour la France, est le désir qu’elles manifestent de se confondre entièrement avec les troupes françaises. Autrefois, on craignait d’offenser leur susceptibilité et leurs préjugés en leur demandant de modifier leur costume national. A présent, ce sont elles qui réclament l’honneur de combattre sous le même uniforme que les Français. Dans la Somme, les soldats noirs ont participé aux premiers assauts avec la capote grise. Ils ont aussi revêtu le masque à gaz. Les voici s’y exerçant. Ce déguisement les amuse beaucoup. Comme cela, la confusion est complète. Et puis, quels bons tours ils vont jouer aux Allemands : tout d’un coup, ils enlèveront leur masque et les Prussiens, qu’ils forceront de se rendre, verront avec épouvante en face d’eux les noirs, les héritiers des farouches turcos de 1870 ».
Sur 8 700 000 soldats mobilisés, 600 000 l’ont été dans l’empire colonial français.
Le journaliste fait la différence entre les troupes indigènes et les troupes françaises, façon de rappeler que l’indigène n’est pas un citoyen, même s’il a le devoir de défendre la patrie. Ce qu’il fait très bien. En 1916, les tirailleurs sénégalais sont considérés comme des troupes de choc. S’il est vrai, comme le dit l’article, que pendant le conflit ce sont des comportements d’imitation et un désir d’identification qui caractérisent l’état d’esprit des soldats venus des colonies, les frustrations demeurent, dues à des formes de discrimination et à des préjugés auxquels l’auteur de l’article n’échappe pas.