La démobilisation représente un mouvement exceptionnel d’hommes (5 millions de soldats acheminés vers l’arrière) et de matériel (il faut équiper les armées d’occupation en Rhénanie mais aussi commencer à reconstruire).
Les transports ferroviaires s’en trouvent désorganisés comme le constate Maurice Digo qui, de l’hôpital de Châlons-sur-Marne, part en convalescence à Nantes :
« La gare est encombrée de civils et de soldats de toutes armes. Certains attendent paraît-il depuis deux jours. Tous les transports sont bloqués, les horaires inexistants. Il ne passe plus qu’un train de voyageurs par jour. Toutes les issues sont gardées par des noirs. On se heurte partout aux baïonnettes. Dans la salle d’attente on s’écrase. Une femme qui s’est évanouie est piétinée. Je ne tiens plus sur les jambes.
A 14 h 30, le train est signalé, mais comme il est archi-complet, des ordres sont donnés pour que personne ne puisse passer sur le quai. La garde de police est renforcée.
15h. Le train entre en gare. Brouhaha. A tout hasard, je sors de la gare, escalade une barrière et au moment où le train démarre je fonce. Mon barda lancé dans l’ouverture d’une portière, je tente un rétablissement surhumain. Chute sur des voyageurs civils, encaqués comme des harengs. Syncope. Après m’avoir ranimé, on m’engueule. Mais cela importe peu ».