Dans son rapport journalier au préfet le commissaire de police de Nantes signale que : « A la gare de la Bourse, presque tous les militaires qui se trouvaient à l’intérieur des wagons ont poussé les cris de « A bas la guerre ! Vive la Révolution ! ». Au centre du train et dans deux wagons, les occupants ont chanté « L’Internationale » et la « Carmagnole ».
Les curieux assez nombreux aux abords des gares (400 à 500 à la Bourse) ne se sont livrés à aucune manifestation. On a toutefois signalé une femme comme s’étant montrée particulièrement violente… ».
Paul Bellamy
Ce même jour, le maire de Nantes, ancien élève du lycée Clemenceau, envoie au préfet une lettre de 5 pages où il s’inquiète de cet « état de choses qui peut devenir très dangereux en raison de ce que certaines idées ont de contagieux… » d’autant que : « Nous ne pouvons donner plus longtemps le triste spectacle aux Américains qui nous arrivent, à nos amis et alliés qui déjà en manifestent leur surprise ». Il y voit la main de l’ennemi : « Des meneurs suspects, des éléments perturbateurs… des étrangers qui peut-être auraient dû être expulsés, ou tout au moins maintenus dans les camps de concentration, ont entrepris une campagne pacifiste et antipatriotique… ». |
Après avoir demandé au préfet une réorganisation de la police, il formule diverses propositions pour mettre fin aux incidents. Il lui conseille en particulier d’intervenir sur la presse dont « certains organes subissent eux aussi en ce moment quelques fléchissement » pour lui demander de présenter les dangers de tels incidents ainsi que les conséquences fâcheuses d’une paix sans victoire, cette « paix tout de suite » que demandent les pacifistes.
Sur ce point il sera entendu.