« Le 14 février 1914 marquera une date mémorable et glorieuse dans les fastes de notre théâtre. Sa renommée se trouvera augmentée par le puissant effort d’art qui vient d’y être accompli et que couronna un succès magnifique, inespéré, dont le retentissement ne saurait manquer d’être considérable.
Dans l’œuvre géniale du Titan de Bayreuth, « Les Maîtres-Chanteurs de Nuremberg » nous apparaissent comme le monument le plus imposant peut-être par la vaste ampleur de sa conception, l’infinie variété de son lyrisme et aussi par la difficulté de son exécution. Devant cette dernière considération avaient reculé jusqu’ici tous les directeurs qui se sont succédés sur la scène de Nantes et, quand on vit l’ouvrage de Wagner inscrit cette année au programme de la saison, bien des sourires incrédules accueillirent cette promesse que l’on estimait téméraire, sinon même fallacieuse et irréalisable.
M. Rachet l’a tenue pourtant à son honneur, prouvant ainsi ce que peuvent un persévérant labeur et une foi robuste de musicien, doublés par les profits d’une expérience avertie et par le concours zélé de tous ceux qui se trouvent associés et attachés à la grandeur de la tâche entreprise.
Que nous voilà loin à présent des mesquines discussions des débuts, et que la fière et victorieuse réponse la belle soirée d’hier inflige aux détracteurs systématiques de notre vaillante troupe d’opéra ! (suivent les appréciations sur tous les acteurs du spectacle, de l’orchestre aux choristes en passant par les barytons et les décorateurs, et le chroniqueur Paolo conclut par « la constatation sommaire d’un succès triomphal qui se renouvellera en de multiples représentations jusqu’à la fin de la saison »)
Le Phare de La Loire, 16 février 1914